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Ema Stere publicat la: 5/07/2012

«Je regrette de ne pas avoir pu interviewer Cioran»

«Je regrette de ne pas avoir pu interviewer Cioran»

Les visiteurs à la foire du livre Bookfest ont eu la chance de voir en chair et en os le journaliste français Bernard Pivot, dont l’émission Bouillon de culture réunissait, dans les années ‘90,beaucoup d’amateurs roumains de littérature devant leurs télé.

À part Alex Leo Şerban, invité dans votre émission, Dou­ble je, avez-vous connu d’autres intellectuels roumains ?


J’ai été à Iasi pour faire une émission et j’ai eu la chance d’interviewer ce critique de cinéma, tout comme des professeurs de français qui étaient très émouvants, de jeunes étudiantes de français. Mais j’ai surtout interviewé des écrivains roumains. Je crois que je le dirai dans chaque interview, je regrette beaucoup de ne pas avoir pu interviewer Cioran. J’ai voulu qu’il vînt pour l’interviewer et il a refusé. Il était méfiant. J’ai invité un écrivain roumain, au début d’Apostrophes, Petru Dumitriu, qui avait beaucoup de succès en France dans les années ’70. Et puis, évidemment, j’y ai invité Ionesco, mais je suis arrivé trop tard pour interviewer Panait Istrati, Tristan Tzara ou la princesse Bibesco.

 

Lisez-vous aussi énormément qu’auparavant?


Non, je lis moins, je ne veux pas passer ma vie à lire au détriment de ma vie de famille... Je lis beaucoup pour l’Académie Goncourt et surtout à partir du 15 juin jusqu’au 15 septembre, c’est là le moment où l’on sort les romans en France pour le Prix Goncourt. Donc là pendant trois mois, je lis pratiquement un roman tous les deux jours ou un roman par jour. Mais en général, non, je ne lis pas comme au temps d’Apostrophes ou de Bouillon de culture, quand je lisais entre 10 et 14 heures par jour. C’était à ce prix-là que je pouvais réussir une vraie émission.

 

En 2006, vous avez publié 100 mots à sauver, un dictionnaire hors-du-commun des termes inusités, oubliés... Avez-vous réussi à sauver ces termes-là?


Oui, sur les cent, il y en a trois ou quatre qui ont été sauvés. Il y a un mot, par exemple, « carabistouille ». C’est un mot joli, amusant. « Dire des carabistouilles » veut dire « dire de petits mensonges ». Le mot a beaucoup amusé – il était encore dans le Petit Larousse, mais il n’était plus dans le Petit Robert. Et du coup, le Petit Robert l’a repris et l’a remit dedans. Et le mot « clampin » – un clampin, en français, c’est « quelqu’un qui est toujours derrière, qui traîne les pieds. » Eh bien, il a été introduit dans le Petit Larousse depuis.

 

Vous aviez l’habitude de finir chaque édition de Bouillon de culture par votre fameux questionnaire. On peut soupçonner bien que vos invités préparaient en avance leurs réponses. Quelle question était la plus révélatrice, d’après vous?


C’était la dernière. « Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire? » C’était la question qu’ils préparaient beaucoup. Le seul qui n’a pas préparé les questions, parce qu’il les ignorait, ce fut Woody Allen. Et la plus belle réponse, une réponse terrible, qu’aurait pu faire Cioran – c’est un auteur dramatique qui l’a donnée qui il s’appelle Jean-Claude Brisville –, dont on peut penser qu’il a eu une vie malheureuse, qu’il a été très triste dans sa vie, et qui, à la question « Si Dieu existe etc. », Dieu lui aurait dit « Pardon ». Tout le monde est resté figé, un blanc sur le plateau... Mais c’est la réponse qu’aurait pu faire Cioran.

 

Y a-t-il une question qui vous fait peur?


La question qu’on ne m’a jamais posée et à laquelle j’aurais bien de difficultés à répondre, parce qu’elle toucherait à ma vie privée, c’est « vous, qui avez passé votre vie à poser des questions aux autres, est-ce que vous vous en posez à vous-même? » C’est la question qu’on ne m’a jamais posée et à laquelle je n’aimerais pas répondre. Ne me la posez pas!